Mme Justine BÉNIN, Députée Mr Olivier SERVA, Député Mr Max MATHIASIN, Député Mme Hélène VAINQUEUR-CHRISTOPHE, Députée Mme Victoire JASMIN, Sénatrice Mr Dominique THÉOPHILE, Sénateur Mr Victorin LUREL, Sénateur
Chers parlementaires,
Depuis le mois de décembre, l’Alyans Nasyonal Gwadloup alerte sur la gestion de la crise sanitaire en Guadeloupe. Les décisions prises unilatéralement par les services de l’Etat français conduisent à démobiliser la population, autant que le personnel soignant et à une perte de confiance dans la parole des institutions. Depuis cette date, nous indiquons qu’il est nécessaire de prévoir un protocole clair et lisible, pour éviter les périodes de fermeture drastique, mettant à mal l’activité économique, suivies par des périodes de grande ouverture où les voyageurs arrivent en masse sans quarantaine, entrainant de nouvelles vagues dans les semaines qui suivent.
Nous rappelons sans cesse que notre système de santé ne pourra pas faire face à une nouvelle vague de contaminations et d’hospitalisation. Il faut donc limiter l’importation du virus, et surtout la circulation des variants. D’autant que nous sommes un territoire archipélique et non un territoire continental, avec un climat tropical différent d’un pays européen. Ainsi, des mesures applicables en France ne peuvent être appliquées sans adaptation en Guadeloupe. C’est ainsi que les pays voisins ont su mettre en place des protocoles raisonnés, tenant compte de la population à protéger, de l’économie à sauvegarder et d’une destination à promouvoir dans un contexte difficile. Tous les efforts doivent être réalisés en concertation avec l’ensemble des acteurs locaux, décidés sur place et non téléguidés depuis Paris.
Un protocole clair permet de définir les règles d’accès à notre territoire et doit être applicable à tous : résidents, visiteurs affinitaires, touristes, officiels. Ces propositions sont restées lettre morte, malgré nos relances, malgré notre participation au Forum de la Santé de la Région Guadeloupe. Ainsi, aujourd’hui les voyageurs ne sont peu ou pas tracés, le respect de la quarantaine « conseillée » n’est pas vérifié, la validité des tests PCR jusqu’alors très facilement falsifiables n’est pas assurée.
Dans quelques jours, les parlementaires que vous êtes seront invités à se prononcer sur la décision du chef de l’Etat français de rendre la vaccination obligatoire pour un certain nombre de professions mais aussi sur l’application du pass sanitaire. Il nous semble nécessaire de vous indiquer que ces deux décisions nous semblent être clairement préjudiciables pour les citoyens guadeloupéens.
Ces décisions, en particulier le pass sanitaire, demandent aux commerçants guadeloupéens déjà largement impactés par la crise, les fermetures, les couvre-feux de se substituer à la force publique pour assurer le contrôle de leur clientèle. En plus de l’aspect logistique, et des ressources nécessaires pour mener à bien cette mission, c’est fondamentalement inacceptable de les soumettre à un tel chantage économique en faisant peser sur eux la menace de lourdes amendes et de prisons. Cela conduira inévitablement à une société de contrôle et de conflits permanents tout en discriminant une partie de la population.
De même, l’obligation vaccinale assortie d’un chantage économique, est tout simplement contreproductive dans un contexte économique contraint et où la défiance est à son paroxysme. Nous vous demandons d’avoir le courage nécessaire pour qu’enfin la gestion de la crise s’appuie sur la démocratie sanitaire en Guadeloupe en permettant aux différents acteurs concernés de s’impliquer et de trouver les réponses adaptées au territoire. Depuis Février 2020, nous subissons collectivement cette gestion unilatérale et les effets qui s’en font ressentir.