Le pays est traversé par des débats riches d’où émergent de belles réalisations, des propositions novatrices, des projets de valorisation de nos richesses naturelles portés par des Guadeloupéens de grande compétence qui portent chevillé au corps l’amour du pays. Un signe d’espérance et d’une grande détermination a pran NOU an men. Les réalisations et les réussites des Guadeloupéens, jeunes ou plus âgés, dans notre contexte montrent que nous avons les ressources pour faire vivre cette nation Guadeloupe.
Nous sommes collectivement de plus en plus convaincus de la puissance de nos rimèd-razyé, de l’importance de notre culture, d’une éducation adaptée pour nos enfants, de la nécessité de consommer ce que nos terres produisent tout en dialoguant fièrement avec le monde.
La conscience d’une nation guadeloupéenne existe depuis longtemps chez les organisations patriotiques qui l’ont défendue avec force depuis des décennies. Leurs combats ont façonné la Guadeloupe de façon révolutionnaire, de par les luttes ouvrières, les luttes sociales, les luttes pour la sanctuarisation du foncier agricole, la valorisation de la culture, de la musique, de la langue.
Une conscience de ce que NOU sommes , de ce que NOU portons , ce que NOU pouvons devenir.
À l’heure où une prise de décision locale semble être l’évidence, à l’heure où chacun en appelle à la responsabilité, à l’heure où le mot « autonomie » est sur toutes les lèvres, nous sommes heureux de voir que chacun reconnaît la justesse des idées patriotiques.
C’est seulement une vision courageuse et claire, un engagement politique fort, un élan populaire qui permettront de donner une perspective et un avenir pour construire la Nation Guadeloupe.
L’évolution statutaire ne sera pas le remède miracle qui résout les problèmes de la Guadeloupe d’un coup. La Nation est une construction qui trouve son expression dans les institutions. Seule la cohérence peut mener à une émancipation salvatrice plutôt que des mesures tchòlòlò qui n’offrent aucune perspective d’avenir, ni l’avènement d’une société plus égalitaire.
Le Guadeloupe est un archipel, un petit territoire qui doit pouvoir faire face aux défis du 21ème siècle. La mainmise de l’homme a déjà causé des dégâts irréversibles (pollutions diverses, empoisonnement au chlordécone, disparition d’espèces endémiques, réchauffement climatique etc), et nous devons faire avec le territoire en respectant les espaces naturels. C’est à l’Homme de s’adapter, de s’inspirer, d’innover. Il faut sortir d’une logique productiviste pour aller vers une logique d’harmonisation.
Pour que le citoyen guadeloupéen puisse s’épanouir chez lui, les activités économiques et agricoles doivent être pensées pour durer. Le paradigme que nous retenons n’est plus la productivité et la richesse générée pour la durabilité du modèle afin qu’il profite au plus grand nombre, tout en exploitant de façon raisonnée les ressources.
Le cadre idyllique qu’offre la Guadeloupe, la soumet à une spéculation immobilière forte qui réduit les chances d’accès à un terrain aux générations futures.
Aujourd’hui, nous croyons en l’intelligence collective, nous croyons en la concertation afin de mettre en place des solutions qui vont dans le sens des intérêts de la Guadeloupe. Notre situation n’est pas seulement le fait d’une dépendance financière, nous conduisant à réclamer mais elle vient surtout de ce que nous subissons des injonctions suivants des intérêts qui ne sont pas les nôtres.
Les Guadeloupéens doivent être au coeur de leur société. Le rôle de la puissance publique est d’organiser les relations sociales pour faire société, faire peuple. Les politiques sociales doivent permettre de garantir à chacun une vie digne, en corrigeant les inégalités de revenus, en réduisant la pauvreté et la précarité, en évitant le cumul des inégalités économiques, sociales, culturelles. Le champ de bataille est partout : la sauvegarde du foncier, la réduction de la dépendance alimentaire, la guadeloupéanisation de l’emploi, la prise du pouvoir économique, la protection de l’environnement, l’affirmation identitaire. Le colonialisme est partout, y compris en nous : l’anticolonialisme doit aussi être partout ! Notre engagement est d’être sur tous les fronts.
Être en capacité de produire sa nourriture, c’est être en capacité de revendiquer sa liberté. 80 % de notre alimentation est importée et est constituée en majeure partie de produits industriels et raffinés, aliments trop riches en sucres et en gras, qui nous rendent malades. Ce modèle nous expose à des risques de pénurie en raison de sa grande dépendance aux ressources fossiles pour transporter les aliments et aux greniers du monde dont la productivité diminue.
Nous soutenons un modèle qui tire parti de nos atouts (nature généreuse, biodiversité riche, diversité des écosystèmes, savoir-faire de nos anciens) et qui permet la durabilité et la résilience des systèmes alimentaires mais aussi une consommation responsable.
Construire notre cadre de vie, en fonction des spécificités de la Guadeloupe, de notre façon d’y vivre et tout en préservant notre pays pour les générations futures.
Un territoire aménagé pour les générations futures doit pouvoir protéger la population, favoriser le retour au pays et l’installation des Guadeloupéens, nous créerons un office de foncier solidaire.
Penser une économie pour nous-mêmes ! Une économie créatrice de richesses matérielles, sociales, culturelles et privilégiant des formes d'organisation collective et participative.
Il est urgent de sortir d’une économie d’exclusion avec plus de 40 000 Guadeloupéens qui perçoivent le RSA, plus de 30 000 qui sont sans emploi, plus 30% de la population guadeloupéenne qui vit en-dessous du seuil de pauvreté. La course folle vers la croissance crée les conditions de l’exclusion. Ce n’est qu’en remettant en question les indicateurs existant que nous pourrons aller vers une économie, transformatrice, favorisant l'innovation, équilibrée, respectueuse de l'environnement et de l’humain. Un pont de passage de l'économie informelle licite (sans dissimulation) à l'économie formelle. Une économie qui s’appuie sur ce que nous sommes, notre génie, nos industries culturelles et créatives, notre résilience et notre force d’adaptation. Une économie qui remet l’humain au centre des enjeux.
La collectivité régionale est de fait un acteur majeur de cette transformation de la société. Une collectivité qui, en suivant des cadres stratégiques exogènes, s’éloigne des aspirations des Guadeloupéens. Une collectivité tournée vers les standards parisiens quand le monde bouge autour de nous. Elle s’éloigne aussi du sens : pourquoi ? Pour qui ? Comment ? Autant de questions qui nous conduisent à travailler à plus de cohérence et de sobriété. Une gestion plus proche de nos réalités, afin d'accompagner les initiatives innovantes, et d’offrir des chances à tous, de rayonner de par le monde.